vendredi 13 juillet 2012

CELIBAT: LE MONDE DU SILENCE?


Célibat : le monde du silence ?

Le célibat c’est comme l’apnée: une immersion dans un monde qui n’est pas le mien, sans réserve d’air. On retient sa respiration, on ferme les yeux avant de se jeter à l’eau, et là une fois immergés, on découvre…

Je me suis retrouvée comme ça les yeux écarquillés -exorbités mêmes- avec cet air intelligent qu’on a quand on croise un banc de mérous, ou de morues… Le problème c’est qu’un trop grand nombre de mérous a dessalé une quantité inavouable de morues, et qu’aucune des deux espèces n’est facilement repérable dans les obscurs abysses du solitariat. Le solitariat, cette attitude rarement assumée de l’état de solitude ostentatoire que chacun porte comme un fardeau.

Divorcé(e) ou veuf(ve), en 2012 ces termes sont encore un état civil, comme si l’on se définissait comme la moitié d’une paire, comme l’échec d’un passé vécu à deux.

Fraîchement débarquée de ma tour d’ivoire où je fus enfermée pendant quelques 20 années à chérir le nid sécurisé de mon couple, me voilà en plein baptême dans le grand bleu, prête pour le grand frisson- aucun rapport avec la température de l’eau…

Alors j’éteins ce qui me sert de matière grise, me jette à l’eau et découvre dans la stupeur les quelques bases d’une apnée réussie:

-premièrement: ne pas se fier aux apparences

NON, toutes les espèces dotées de mâchoires acérées ne sont pas forcément affamées ou agressives. OUI les espèces colorées sont très attirantes… mais la plupart du temps venimeuses. C’est ainsi que j’apprivoisai la méfiance spontanément inspirée par les champions de la drague qui, surentraînés, déballent au quintal la liste de tous vos attributs personnels comme le ferait un piètre commercial. C’est ainsi qu’on m’enseigna que la magie provoquée par la rencontre de 2 êtres qui s’attirent comme des aimants n’est pas forcément durable. Dans le monde infâme du solitariat, on vend du rêve mais le service après-vente n’est jamais garanti.

- Règle N°2: débusquer les intrus

NON, tous les habitants du solitariat n’en sont pas tous originaires, d’autres sont immigrés temporaires, volontaires ou pas d’ailleurs. Le problème c’est que certains clandestins tout droit débarqués du couplariat s’introduisent incognito dans les profondeurs, et que nulle part dans les contes de fées, on ne vous a expliqué que le prince charmant avait déjà la corde au cou avant de rencontrer sa belle.

Alors quelle attitude adopter?

Ne rien attendre et prendre ce qui est à prendre, voilà ce que m’assène le Grand Conseil des Célibattants, groupuscule de légionnaires du célibat, rompus aux entraves en tous genres et toujours pleins de conseils avisés pour éviter aux novices certains écueils redoutables. Pour moi, cela revient à continuer à palmer dans les courants marins sans avoir la moindre idée de la destination finale, et l’éventualité d’une dérivante sans issue me paraît compliquée à envisager. Seule l’expérience me dira si l’application du conseil est salutaire.

Je dois l’admettre, je suis une guimauve.

La guimauve: friandise sucrée aux couleurs chatoyantes. En d’autres termes: une onctueuse sucrerie qui se fond en une pâte mollasse dès que le mercure se met à grimper. A la moindre esquisse de désir sensuel, à la moindre parole enchanteresse, de bonne grâce je tressaille. Ce fluide émotionnel bouillonnant qui parcourt le corps, laissant les rêveries balayer le champ des possibles d’un avenir en duo me rend …désespérément mièvre. Et cela m’insupporte.

D’habitude j’affronte, pleine de bravoure, l’adversité. Les obstacles me sont familiers et je m’en défile rarement. Je me voulais fiable, déterminée, pleine de recul… mais bercée par les histoires d’Andersen, Perrault et autres Grimm, voilà qu’en plein champ de bataille de la vie d’adulte, je me fais rappeler à l’ordre par tous les organes de la naïveté puérile. Nigaude et niaise, voilà le résultat auquel me conduisent les aventures romantiques du célibat. Enfin des aventures…disons plutôt une sorte d’errance à la conquête de la véritable idylle, celle où les acteurs feront fi du qu’en dira-t-on, lorsque la peur de souffrir sera vaincue par la force des sentiments… bref, quand l’Homme aura compris qu’aimer n’est pas dangereux, que la honte devrait être celle de détester haut et fort, et qu’en dépit de la longévité, l’intensité reste l’essentiel.